Considérée comme très fréquente, l’arthrose du pouce ou rhizarthrose peut rapidement évoluer vers une déformation du doigt, handicapante dans la vie personnelle et professionnelle. A quelle condition la rhizarthrose est-elle reconnue en maladie professionnelle, sous réserve que le travail manuel soit susceptible d’être considéré comme un des facteurs aggravants de cette maladie articulaire ?
Comment un travail manuel peut accentuer une rhizarthrose ?
Comme toute arthrose, une arthrose du pouce ou rhizarthrose résulte de causes multiples, où les facteurs traumatiques jouent un rôle essentiel : des micro-traumatismes répétés vont en effet accélérer l’usure du cartilage, avec un phénomène dégénératif aboutissant à terme à sa destruction totale ou partielle.
Il est donc logique que certaines activités professionnelles ou sportives mobilisant fortement le pouce ou la main soient identifiées comme des causes favorisant l’arthrose du pouce.
Rhizarthrose et travail manuel semblent ainsi intimement liés dans l’une des deux conditions suivantes :
-soit un travail en force, avec des pressions importantes sur le pouce ;
-soit des mouvements répétitifs, qu’ils soient volontaires (travail sur un clavier par exemple) ou involontaires (vibrations d’un marteau piqueur ou d’une ponceuse par exemple).
C’est pourquoi les travaux manuels sources de rhizarthrose peuvent être autant variés, et affecter aussi bien des travailleurs du BTP que des employés de bureau ou des musiciens professionnels.
Quand une rhizarthrose est-elle reconnue en maladie professionnelle ?
Si la définition d’une maladie professionnelle s’avère théoriquement simple (toute maladie causée par l’exercice d’une profession), sa mise en pratique peut être en revanche plus complexe.
S’il est reconnu qu’une rhizarthrose peut résulter autant du travail sur ordinateur que de l’usage permanent d’un archet de violon, encore faut-il le prouver si l’on veut qu’une rhizarthrose soit considérée comme maladie professionnelle.
En effet, la rhizarthrose du pouce n’est pas reconnue comme maladie professionnelle au titre du tableau 57 C les définissant dans le régime général. Cette inscription au tableau 57 permet de présumer de l’origine professionnelle de la maladie, dès lors que les conditions édictées sont remplies.
Comme ce n’est pas le cas de l’arthrose du pouce, c’est au salarié de faire la demande auprès du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP).
Il faut pour cela un dossier médical étayé, si bien que l’avis et le diagnostic d’un chirurgien orthopédique de la main peut constituer une vraie plus-value.
Comment concilier rhizarthrose du pouce et travail manuel ?
Même si une rhizarthrose avec douleur peut générer aisément un arrêt de travail, la non-reconnaissance automatique d’une rhizarthrose comme maladie professionnelle peut occasionner de vraies difficultés dans l’exercice d’un métier.
Outre l’avis d’un chirurgien orthopédique spécialiste de la main, il semble alors indispensable de prendre avis auprès du médecin du travail.
L’idéal consiste alors en un changement d’affectation ou une adaptation du poste de travail. Le recours à un kiné permet d’améliorer l’ergonomie des gestes professionnels, afin de soulager la douleur du pouce et de renforcer la musculature de la main.
Ponctuellement, il est possible d’envisager une infiltration de cortisone dans le pouce pour stopper les crises douloureuses. Ce geste est efficace, mais il est déconseillé de le renouveler fréquemment.
En cas d’échec du traitement conservateur et médical, toute rhizarthrose du pouce doit donner lieu à l’avis d’un spécialiste orthopédique : tout meilleur chirurgien de la main dispose en effet de solutions chirurgicales durables pour supprimer la douleur du pouce, et restaurer une mobilité articulaire correcte, compatible avec l’exercice d’un travail manuel sous conditions. L’avis du chirurgien s’avère donc toujours indispensable avant la reprise d’un métier à risques.