Si l’arthrose est une maladie connue de tous, ce n’est pas forcément le cas de la rhizarthrose (arthrose localisée au niveau de la base du pouce). Voici quelques précisions sur la question de la bilatéralité de cette affection répandue.
Rhizarthrose du pouce : définition
La rhizarthrose cible l’articulation trapézo-métacarpienne, située à la base du pouce. Il arrive qu’elle soit accompagnée d’une arthrose au niveau de l’articulation STT (scapho-trapézo-trapézoïdienne).
Caractérisée par la dégradation et la possible disparition du cartilage articulaire, la rhizarthrose entraîne des frottements entre les os, ce qui peut mener à la création d’ostéophytes (excroissances osseuses) qui déforment l’articulation.
Les symptômes de la rhizarthrose sont la douleur lancinante à la base du pouce, la raideur, la réduction de la force et de la mobilité, ainsi que la déformation caractéristique en col de cygne au stade le plus sévère. Elle affecte en particulier l’utilisation de la pince entre le pouce et l’index, cruciale dans la vie de tous les jours pour saisir et manipuler des objets, écrire, etc.
La rhizarthrose est souvent bilatérale
Quand la rhizarthrose est idiopathique, c’est-à-dire sans cause clairement établie, ce qui est le plus courant, alors elle se présente souvent de façon bilatérale. Dans ce cas, les deux mains, gauche et droite, sont affectées, ce qui rend cette pathologie particulièrement invalidante.
Habituellement, c’est la main dominante qui est affectée en premier, suivie de l’apparition de la pathologie sur la seconde main. L’atteinte est généralement plus grave sur la main dominante.
Si la rhizarthrose a une origine identifiée, comme un métier manuel impliquant une utilisation excessive du pouce, les deux mains peuvent alors être touchées, si cette sur-sollicitation concerne les deux pouces.
À savoir qu’il n’y a pas de reconnaissance automatique de la rhizarthrose bilatérale en tant que maladie professionnelle. Toutefois, avec un dossier solidement documenté établissant le lien de cause à effet entre la profession ou l’accident de travail et la rhizarthrose, il est possible de faire appel au CRRMP (Comité Régional de Reconnaissance des Maladies Professionnelles) pour obtenir une reconnaissance.
La rhizarthrose bilatérale des mains : le traitement
Le traitement médical de la rhizarthrose bilatérale implique l’administration d’antalgiques et d’anti-inflammatoires, le port d’une orthèse pour maintenir le pouce immobile, des séances d’ergothérapie, ainsi que des infiltrations de cortisone en cas de poussées.
Si les symptômes de la rhizarthrose bilatérale des mains ne s’arrangent pas au bout de plusieurs mois de traitement médical et/ou si la maladie est à un stade avancé avec des déformations, l’option privilégiée sera la chirurgie.
La plupart du temps, la chirurgie pratiquée pour la rhizarthrose bilatérale est non conservatrice. Parmi les techniques les plus courantes, on retrouve :
La trapézectomie avec ligamentoplastie
Cette procédure consiste à enlever entièrement le trapèze, puis à réaliser une ligamentoplastie, une technique où un tendon voisin est transplanté pour stabiliser l’articulation et occuper l’espace laissé vacant. C’est une approche bénéficiant d’un résultat totalement définitif, nécessitant toutefois jusqu’à 6 mois pour obtenir le résultat final.
La trapézectomie-ligamentoplastie est la référence pour les cas de rhizarthrose bilatérale évoluée avec trapèze sévèrement atteint. Pour la rhizarthrose bilatérale débutante, il peut être possible de réaliser une variante : la trapézectomie partielle avec résection d’un bout du trapèze et interposition d’un fin implant entre les surfaces articulaires.
La pose d’une prothèse trapézo-métacarpienne
La prothèse de base du pouce fonctionne à l’instar des autres types de prothèses, en remplaçant l’articulation endommagée par une prothèse synthétique. Cela permet d’éliminer le conflit articulaire et donc de supprimer la douleur qui en découle.
Cette méthode chirurgicale a l’avantage de restituer la longueur du pouce et de favoriser une récupération plus rapide de la mobilité. La pose d’une prothèse de base du pouce demande certaines conditions anatomiques, les patients sont rigoureusement sélectionnés. La durée de vie du matériel mis en place est limitée (plus de 10 ans).
Il est important de souligner que dans le cas de la rhizarthrose bilatérale des mains, il est préférable de réaliser une chirurgie distincte pour chaque main, avec un intervalle de quelques mois entre les deux opérations. Cette approche facilite la rééducation, réduit les risques post-opératoires et permet de maintenir une certaine autonomie.