S’il est possible d’évoquer rapidement un diagnostic de canal carpien à partir de la clinique (comme un fourmillement ou des douleurs des trois premiers doigts), ce n’est jamais un diagnostic de certitude. Si l’imagerie médicale type échographie permet parfois de visualiser des lésions, le diagnostic de choix consiste à mesurer l’activité électrique du nerf médian par électromyogramme pour objectiver son déficit à la suite de sa compression.
Rappel des principaux symptômes du syndrome du canal carpien
Le syndrome carpien est lié à la compression du nerf médian dans le tunnel carpien, d’où des signes neurologiques directement proportionnels à l’importance de cette compression :
- Les troubles sensitifs sont les premiers, avec des douleurs brutales sur les 3 premiers doigts ou des troubles de la sensibilité type paresthésies (fourmillement, picotements, brûlures…).
- Les troubles moteurs se traduisent surtout par une baisse de tonus musculaire, avec des gestes maladroits. Toutefois, aucun signe n’est totalement spécifique obligeant à recourir à des examens complémentaires pour prouver la pathologie carpienne.
Quelles sont les méthodes de diagnostic d’un canal carpien ?
Diagnostiquer un canal carpien doit permettre d’objectiver le déficit fonctionnel du nerf médian, lié à une compression au niveau du canal carpien.
Canal carpien : diagnostic clinique
En plus des commémoratifs fournis par le patient, le spécialiste de la main va compléter si besoin son examen clinique par trois gestes pour provoquer les symptômes. La manœuvre de Phalen consiste à placer le poignet en flexion forcée à 90 degrés, au moins une minute. La manœuvre peut être rendue plus efficace en élevant le bras tendu au-dessus de la tête, en et en conservant le poignet en flexion.
Le signe de Tinel consiste à percuter légèrement le trajet du nerf médian à hauteur du tunnel carpien, avec deux doigts de l’autre main. Le test de Durkan vise enfin à comprimer légèrement le nerf médian deux à trois centimètres au-dessus du canal carpien ou à hauteur de l’avant-bras.
Canal carpien : diagnostic par examens complémentaires
L’EMG, détaillé plus loin, est l’examen de choix pour explorer l’activité électrique du nerf médian, et des groupes musculaires desservis. Cet examen est peu invasif et quasiment indolore. L’échographie permet d’étudier l’anatomie des tendons fléchisseurs de la main, et l’aspect du plancher du tunnel carpien. C’est un examen par ultrasons, indolore et sans danger. La radiographie, rarement utilisée, permet de mettre en évidence des lésions osseuses, en cas de suspicion de fracture, d’arthrose ou autres lésions osseuses. Le bilan sanguin permet de rechercher certaines pathologies pouvant favoriser l’apparition d’un canal carpien, comme un diabète ou une hypothyroïdie.
Syndrome du canal carpien : diagnostic par électromyogramme pour quoi faire ?
Un électromyogramme ou électroneuromyogramme consiste à enregistrer l’activité électrique d’un nerf et des muscles, à l’aide de petites électrodes de surface ou petites pinces appliquées sur la peau. Cet examen est le plus souvent effectué par un neurologue, un rhumatologue ou un électromyographiste, de manière à disposer d’un matériel d’enregistrement dernier cri. L’examen est peu invasif et indolore, car le courant appliqué est de faible intensité.
Electromyogramme canal carpien : la méthode
L’objectif est de mesurer la vitesse avec laquelle l’influx nerveux se propage le long du nerf médian, en déclenchant l’apparition de cet influx nerveux par une stimulation électrique de faible intensité. Cette stimulation électrique peut s’effectuer à différents niveaux, afin de calculer la vitesse de conduction du nerf médian entre chaque point. Le chiffre obtenu est ainsi comparé aux valeurs de référence qui sont de l’ordre de 50 m/s pour le nerf médian au niveau de la main et de l’avant-bras, et entre 3.0 et 3.6 ms pour la traversée du canal carpien. Une compression du nerf médian va en quelque sorte ralentir le « flux » en aval, comme le ferait un tuyau d’eau partiellement écrasé.
Électroneuromyogramme canal carpien : les 3 objectifs
L’EMG a 3 objectifs :
- Objectiver la lésion, toute lésion compressive se traduisant par une baisse en amont des valeurs du flux nerveux.
- Localiser cette compression, car une compression en aval (par exemple à la base du tronc nerveux en cas d’arthrose dans le cou) peut occasionner des signes similaires sur le poignet par atteinte du nerf radial.
- Quantifier cette compression, car plus elle est importante, plus la conduction de l’influx baisse. Faire un électromyogramme canal carpien a donc un intérêt à la fois diagnostic et pronostic. C’est en revanche un examen souvent inutile après une chirurgie, même s’il existe une sensation de décharge électrique après l’opération canal carpien. En effet, les lésions nerveuses sont en partie irréversibles, expliquant que l’EMG ne revienne pratiquement jamais à la normale.