Bien que la définition des maladies professionnelles soit large dans le droit français, il existe un certain nombre de pathologies spécifiques, listées dans le tableau 57 de l’INRS, pour lesquelles les procédures sont simplifiées : qu’en est-il du doigt à ressaut dans la liste de ces maladies professionnelles ?
Doigt à ressaut : d’où ça vient ?
Les tendons fléchisseurs de la main et des doigts coulissent sur la paume de la main dans des gaines appelées membranes synoviales ou gaine tendineuse. Lorsque l’inflammation gagne ces tissus, elle peut toucher le tendon (tendinite) ou l’ensemble tendon / gaine (ténosynovite).
Sur les formes chroniques de ténosynovite, le tissu fibreux tend à s’épaissir, altérant le système de coulisse du tendon dans la gaine. Cette ténosynovite sténosante fait que le tendon peut se coincer en position courbée, bloquant le doigt en phase de redressement ou d’allongement : on parle de doigt à ressaut, ou de doigt à gâchette pour illustrer le claquement audible du mouvement. Le patient doit parfois « déverrouiller » son doigt bloqué, d’où un handicap certain dans les gestes du quotidien.
Comme pour beaucoup de tendinites ou de ténosynovites, les causes du doigt à ressaut sont principalement mécaniques. Plus qu’un traumatisme aigu, ce sont les micro-traumatismes occasionnés par des gestes fréquents et répétés qui entraînent l’inflammation chronique évoluant vers la sténose.
En pratique, tous les professionnels exerçant une forme d’activité manuelle peuvent être touchés : salariés agricoles, opérateurs de saisie, artisans, personnel de santé, caissiers, employés de bureau…
Doigt à ressaut et maladie professionnelle : que dit la loi ?
Le tableau 57 du régime général, équivalent du tableau 49 du régime agricole, liste les différentes pathologies considérées automatiquement comme une maladie professionnelle, dans le respect des limites fixées.
Cette inscription au tableau 57 signifie que le salarié n’a pas à prouver le lien de causalité entre sa maladie et l’exercice de son activité professionnelle.
Les affections péri-articulaires provoquées par certains gestes et postures de travail du tableau 57 ont été définies par un décret du 2 novembre 1972, modifié depuis. Dans la section des pathologies de la main et du poignet, ce tableau 57 des maladies professionnelles inclut les tendinites et ténosynovites, avec un délai de prise en charge de 7 jours, sous réserve que les travaux effectués par le salarié comportent de façon régulière des mouvements répétés ou prolongés des tendons extenseurs ou fléchisseurs des doigts ou de la main.
A ce titre, la ténosynovite sténosante du doigt à ressaut est bien considérée comme une maladie professionnelle, sous réserve que le poste de travail impose des gestes répétés avec flexion ou extension du doigt. Cette pathologie de la main et du poignet est considérée comme un TMS ou trouble musculo-squelettique, comme d’autres pathologies de la main, type syndrome du canal carpien.
Comment faire reconnaître un doigt à ressaut comme maladie professionnelle ?
Dès lors que le poste de travail du salarié décrit des gestes répétitifs du doigt ou de la main, le seul élément important reste le diagnostic de la ténosynovite sténosante. Généralement, le médecin généraliste établit le certificat médical initial avec déclaration de maladie professionnelle transmise à la CNAM.
Consulter un chirurgien spécialiste de la main et du poignet permet à ce stade d’avoir un certificat médical de certitude, pouvant faciliter le passage en commission.
Le chirurgien spécialiste de la main va proposer le traitement adapté, sachant que l’opération du doigt à ressaut, si elle est nécessaire, bénéficie d’une meilleure prise en charge pour l’arrêt de travail s’il s’agit d’une maladie professionnelle.
